Le tournoi de Coco

vécu et raconté par Chapim

La grisaille bretonne a envahi Bruxelles et ses choux.

Sur l’écran plat de mon salon, Derrick gesticule en folles cascades.

Le temps semble couler comme l’eau tiède et insipide s’échappant du robinet qui fuit.

J’ai le moral dans les chaussettes : le genre flanelle en pointure 46 fillette, en plus !

Et rien à grignoter : va falloir que je « laisse Thomas dans l’étalon » (le genre d’expression idiote qu’on se demande qui peut bien inventer ça).

Bref, « il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville » et tout Verlaine n’y pourra rien changer. Il faut réagir, crévindiou ! Une flagrance me fulgure : BBO !!!

Et si je trouvais un petit tournoi sympa : en voilà une idée qu’elle est bonne.

Mes deux chattes (Pam et Poum) ronronnent à l’idée de s’allonger avec moi sur le divan pour me soutenir dans l’adversité et … me souffler les bonnes entames.

C’est décidé : je m’installe. A gauche, Pam et de la bière, à, droite Poum et la bouteille de rhum héritée de pépé (la bouteille, pas le rhum). Sur la bouteille, une sentence digne du capitaine Haddock : « tous les chemins mènent à Rhum ».

Je me programme du Jeff Beck à la sono et je pense déjà au sergent Poivre. Ce n’est pas encore Byzance mais ce n’est déjà plus Bruxelles. Je suis prêt : à l’attaque !

 

Voyons un peu ce que propose BBO.

Je vois bien un petit tournoi dans 20 minutes mais mes amis (soigneusement sélectionnés avec la prudence du sioux et la perspicacité du renard qui me caractérisent) semblent avoir déserté le site : ils ne regardent quand même pas tous Derrick, c’est impossible !

C’est le moment de s’en jeter un derrière la cravate (que je porte pour l’occasion uniquement).

Pam et Poum semblent apprécier Jeff Beck : bizarre,ça … ou alors, ils apprécient que j’ai coupé le sifflet de Derrick, ce Travolta d’arrière-salle. C’est plus plausible.

Ainsi armé de patience et de rhum, j’attends comme un convoyeur de coulonneux.

Mais où sont-ils passés ? Je vérifie : non, pas de foot aujourd’hui ! Bizarre.

Soudain, devant mes yeux hagards, surgissant du néant électronique tel un diablotin hors de sa boîte, un nom s’affiche que je n’attendais pas: WOUAF ! Je bondis comme un seul homme et réveille mes deux chats ! Pffttt ! Même pas peur ! Frrttt, frrttt et redodo ! (je n’avais jamais remarqué que, pour imiter le ronron d’un chat, il suffisait d’ôter les voyelles aux frites).

S’ensuit un dialogue surréaliste dont seuls BBO et WOUAF ont le secret :(en bleu Pim)

- t’es là

- non

- comment, non ???

- ben non, puisque je suis ici lol

- ça commence fort !!!

- tu joues ???

- à quoi ?

- à la bêbête qui monte mdr

- j’attends Makary et sa connexion polonaise

- c’est quoi, ça, encore ???

- ça va, ça vient : un coup je te vois, un coup je ne te vois plus

- ah, OK, en Belgique, on appelle ça la brouette japonaise mais ce doit être la même chose 

- Attends 5 min

- OK, je ne fais que ça depuis 10 min ! Vais faire pipi ! A propos, tu sais que ma bonne est polonaise … mais me quitte dans un mois ! dommage

- moi, ça fait un an que je le fais toute seule

- 

- le ménage, pas pipi

- hein, quoi : tu fais pas pipi toute seule ??? mdr 

- si si aussi !!! mais dur de trouver une nouvelle bonne : tu vas voir ! 

- surtout que je dis toujours : si la bonne était bonne … elle ne serait pas bonne !

-…

- Makary n’arrive pas : inscris-nous 

- OK (ce que je fais in peto et avec fracas)

(car comme disait J-P. Sartre : «  pet sonore inodore, pet muet sent mauvais »)

 

A peine inscrite, ma WOUAF s’empare du chat avec fougue et entrain (comme d’habitude, cela ne vous aura pas échappé, je suppose) :

- bon, je suis là et le Pim aussi : on peut commencer ! on attend qui ??? 

[on n’a pas encore commencé et je suis déjà hilare : ça promet]

C’est le moment de prendre un bon grand rhum hum !

 

Enfin, la première donne arrive. Ouf !

Bonjour ici, bonjour là et WOUAF, qui connaît tout le monde, s’amuse à plaisanter avec chacun en déformant le nom, le pseudo, le sobriquet, le surnom … etc …

J’ouvre (1 pique), passe et là, silence pesant. Je me doute que l’heure est grave comme un accent circonflexe mal formé ! Ouille ! On ne plaisante plus !

2K chez ma Corine – passe – 3SA chez moi.

Passe et à Coco de réfléchir comme un miroir qu’on vexe … : elle « pond » … 5SA.

Ma pauvre noix (de coco) se fait harceler de : c’est quoi ? fitté ( !!!) ? jamais vu ! …etc…

En fait, j’avais demandé à WOUAF d’éviter les blackwood (peu utiles), alors : voilà !

Je tente de rassurer les opposants :

- après le 5SA Joséphine, voici venu le temps du 5SA Cocorine : l’annonce est encourageante, plus subtile mais plus faible que le Joséphine et je peux passer !

[en réalité, je n’en sais rien du tout et je me concentre de plus en plus sur mon rhum, moi]

Je place un 6P de politesse (on ne sait jamais) et terminons à 6SA pour un top (le coup gagne grâce à une impasse aussi profonde que les gorges du Verdon par un soir de pleine lune).

Je n’ai pas droit au « BJP » car Coco sait que je désapprouve ces congratulations idiotes devant des opposants qui prennent un mauvais coup (qu’ils subissent ou résultat d’une faute : la moindre des politesses me semble être de respecter leur douleur et de se taire).

Mais il faut fêter notre premier top : ouvrons une bière ! Hips !

Profitons-en. Comme on dit à Bruxelles : ça ne saura pas rester durer continuer comme ça !

La donne suivante paraît normale et les sympathiques opposants jouent un 3SA assez reposant … sauf pour Coco à l’entame. Elle sait que je désapprouve les entames de la 4ème meilleure dans 4 cartes (sauf raison valable) et possède le bête 4333 du pauvre. Coco se décide pour le coup du Pif, très supérieur au coup du Pim comme chacun sait et sélectionne l’As de K 3ème : bingo, je possède RV 5ème et 1 chute sans douleur.

Il reste quelques minutes avant rotation et une question saugrenue me frappe l’esprit déjà passablement « enRhumé ». Je demande à Coco :

-          Tu joues les entames As R Romanet ??? 

La réponse (que j’aurais dû prévoir) fuse à une vitesse que la lumière envierait :

-          Sais pas, moi. Demande à Pim

Je m’étrangle dans un curieux mélange de rire et de rhum … et me retrouve sous la table !

On ne s’ennuie pas avec Coco !

 

Nanti de ces 2 beaux tops, je note « demain, un cierge à Ste Rita … et un gros » et nous changeons de table : ouille, 2 experts « tunisiens » ! Je vais me concentrer, ce qui est très pénible sous le table, d’autant que Coco salue d’un tonitruant :

-          Salut, Marrasketch (je pleure déjà de rire)

Un bonheur de donne explosive nous échoit … et choix il y a : je possède une chicane cœur et 6 beaux piques. Coco évite bien sûr le BWd abhorré et remue son pif légendaire pour conclure au chelem à pique. L’entameur possède les 2 As manquants et contre donc sereinement … un contrat tabulaire. Un bonheur ne venant jamais seul, il sélectionne  l’as de C à l’entame pour … +1 ! Olé !

La seconde donne m’offre un lamentable 3334 dans 12 points répartis : un peu de tout et tout de rien : je passe avec l’autosatisfaction proactive qui me sied si bien (hum). Voyons voir !

L’expert à ma gauche se dit qu’il faut rattraper le coup précédent et ose un 3SA gambling digne de ces experts que je qualifie souvent « d’ ex paire » ou « d’ex perd ». Je réveille par un contre de plus en plus auto-satisfait. Je déguste une bière pour apprécier la pression !

Les nerfs lâchent : surcontre SOS à ma droite, 4K à ma gauche … et contre chez Coco et son tarin.

Surcontre à ma droite pour l’expert qui commence à détester sa chicane K … et passe (ohh) à ma gauche de la part de l’expert qui  regrette d’être venu : trois chutes viennent récompenser nos annonces aussi explicites qu’un discours de Le Pen un soir de défaite électorale. Olé !!!

 

 

Pour la suite … demander à la rédac’chef ! Suis épuisé, moi !

Note de la rédaction :

la personne citée dans cet article par Monsieur Chapim nous a demandé un droit de réponse que nous vous confions donc.

« Ici le Wf , je ne reconnais que partiellement mon implication dans le récit qui est fait par M.Pim, en effet :

-         je ne joue pas au pif, j’ai même un livre de bridge au garage

-         je ne fais pas de bruit au chat, ce sont les autres qui me poussent ( j’ai les noms et les preuves, je les tiens à disposition des incrédules)

-         Pim refuse le blackwood alors essayez de le convaincre vous !

-         je nie avoir fait la plaisanterie Marrasketch, il a rêvé ou trop repris de son tord boyaux

Sinon, je reconnais bien avoir joué le Pim, et me tient à sa disposition pour remettre ça avec grande joie. »